Python est le langage de programmation préféré des Data Scientistes. Ils ont besoin d’un langage facile à utiliser, avec une disponibilité décente des bibliothèques et une grande communauté. Les projets ayant des communautés inactives sont généralement moins susceptibles de mettre à jour leurs plates-formes. Mais alors, pourquoi Python est populaire en Data Science ?
Python est connu depuis longtemps comme un langage de programmation simple à maîtriser, du point de vue de la syntaxe. Python possède également une communauté active et un vaste choix de bibliothèques et de ressources. Comme résultat, vous disposez d’une plate-forme de programmation qui est logique d’utiliser avec les technologies émergentes telles que l’apprentissage automatique (Machine Learning) et la Data Science.
Python est un langage de programmation puissant et facile à apprendre. Il dispose de structures de données de haut niveau et permet une approche simple mais efficace de la programmation orientée objet. Parce que sa syntaxe est élégante, que son typage est dynamique et qu’il est interprété, Python est un langage idéal pour l’écriture de scripts quand on fait de l’apprentissage automatique et le développement rapide d’applications dans de nombreux domaines et sur la plupart des plate-formes.
L’installation de Python peut-être un vrai challenge. Déjà il faut se décider entre les versions 2.X et 3.X du langage, par la suite, choisir les librairies nécessaires (ainsi que les versions compatibles) pour faire de l’apprentissage automatique (Machine Learning); sans oublier les subtilités liées aux différents Systèmes d’exploitation (Windows, Linux, Mac...) qui peuvent rendre l’installation encore plus “douloureuse”.
Dans cette partie nous allons installer pas à pas un environnement de développement Python en utilisant Anaconda[1]. A l’issue de cette partie, nous aurons un environnement de développement fonctionnel avec les librairies (packages) nécessaires pour faire de l’apprentissage automatique (Machine Learning).
Qu’est ce que Anaconda ?
L’installation d’un environnement Python complet peut-être assez complexe. Déjà, il faut télécharger Python et l’installer, puis télécharger une à une les librairies (packages) dont on a besoin. Parfois, le nombre de ces librairies peut-être grand. Par ailleurs, il faut s’assurer de la compatibilité entre les versions des différents packages qu’on a à télécharger. Bref, ce n’est pas amusant!
Alors Anaconda est une distribution Python. À son installation, Anaconda installera Python ainsi qu’une multitude de packages dont vous pouvez consulter la liste. Cela nous évite de nous ruer dans les problèmes d’incompatibilités entre les différents packages. Finalement, Anaconda propose un outil de gestion de packages appelé Conda. Ce dernier permettra de mettre à jour et installer facilement les librairies dont on aura besoin pour nos développements.
Téléchargement et Installation de Anaconda
Note: Les instructions qui suivent ont été testées sur Linux/Debian. Le même processus d’installation pourra s’appliquer pour les autres systèmes d’exploitation.
Pour installer Anaconda sur votre ordinateur, vous allez vous rendre sur le site officiel depuis lequel l’on va télécharger directement la dernière version d’Anaconda. Prenez la version du binaire qu’il vous faut :
Choisissez le système d’exploitation cible (Linux, Windows, Mac, etc...)
Sélectionnez la version 3.X (à l’heure de l’écriture de ce document, c’est la version 3.8 qui est proposée, surtout pensez à toujours installer la version la plus récente de Python), compatible (64 bits ou 32 bits) avec l’architecture de votre ordinateur.
Après le téléchargement, si vous êtes sur Windows, alors rien de bien compliqué double cliquez sur le fichier exécutable et suivez les instructions classique d’installation d’un logiciel sur Windows.
Si par contre vous êtes sur Linux, alors suivez les instructions qui suivent:
Ouvrez votre terminal et rassurez vous que votre chemin accès est celui dans lequel se trouve votre fichier d’installation.
Exécutez la commande: [$ bash Anaconda3-2020.02-Linux-x86_64.sh ]{style=“color: blue”}, rassurez vous du nom du fichier d’installation, il peut changer selon la version que vous choisissez.
Après que l’installation se soit déroulée normalement, éditez le fichier caché .bashrc pour ajouter le chemin d’accès à Anaconda. Pour cela exécutez les commandes suivantes:
[$ cd ~]{style=“color: blue”}
[$ gedit .bashrc]{style=“color: blue”}
Ajoutez cette commande à la dernière ligne du fichier que vous venez d’ouvrir
Maintenant que c’est fait, enregistrez le fichier et fermez-le. Puis exécutez les commandes suivantes:
[$ conda init]{style=“color: blue”}
[$ Python]{style=“color: blue”}
Pour ce qui est de l’installation sur Mac, veuillez suivre la procédure d’installation dans la documentation d’Anaconda.
Il existe une distribution appelée Miniconda qui est un programme d’installation minimal gratuit pour conda. Il s’agit d’une petite version bootstrap d’Anaconda qui inclut uniquement conda, Python, les packages dont ils dépendent, et un petit nombre d’autres packages utiles.
Terminons cette partie en nous familiarisant avec quelques notions de la programmation Python.
Première utilisation de Anaconda
La distribution Anaconda propose deux moyens d’accéder à ses fonctions: soit de manière graphique avec Anaconda-Navigator, soit en ligne de commande (depuis Anaconda Prompt sur Windows, ou un terminal pour Linux ou MacOS). Sous Windows ou MacOs, démarrez Anaconda-Navigator dans le menu des programmes. Sous Linux, dans un terminal, tapez la commande : [$ anaconda-navigator]{style=“color: blue”} (cette commande est aussi disponible dans le prompt de Windows). Anaconda-Navigator propose différents services (déjà installés, ou à installer). Son onglet Home permet de lancer le service désiré. Les principaux services à utiliser pour développer des programmes Python sont :
Spyder
IDE Python
Jupyter notebook et jupyter lab : permet de panacher des cellules de commandes Python (code) et des cellules de texte (Markdown).
Pour la prise en main de Python nous allons utiliser jupyter lab.
Nous avons préparé un notebook qui nous permettra d’aller de zèro à demi Héros en Python. Le notebook se trouve ici.
Les Bases Mathématiques pour l’Apprentissage Automatique¶
Dans cette section, nous allons présenter les notions mathématiques essentielles à l’apprentissage automatique (machine learning). Nous n’aborderons pas les théories complexes des mathématiques afin de permettre aux débutants (en mathématiques) ou mêmes les personnes hors du domaine mais intéressées à l’apprentissage automatique de pouvoir en profiter.
∙ associativiteˊ de +:∀u,v,w∈V,(u+v)+w=u+(v+w)∙ commutativiteˊ de +:∀u,v∈V,u+v=v+u∙ existence d’eˊleˊment neutre pour +:∃e∈V:∀u∈V,u+e=e+u=u∙ existence d’eˊleˊment opposeˊ pour +:∀u∈V,∃v∈V:u+v=v+u=0. On note v=−u et v est appeleˊ l’opposeˊ de u∙ existence de l’uniteˊ pour ∗:∃e∈K tel que ∀u∈V,e∗u=u∙ associativiteˊ de * :∀(λ1,λ2,u)∈K×K×V,(λ1λ2)∗u=λ1∗(λ2∗u)∙ somme de vecteurs (distributiviteˊ de ∗ sur +) :∀(λ,u,v)∈K×V×V,λ∗(u+v)=λ∗u+λ∗v∙ somme de scalaires :∀(λ1,λ2,u)∈K×K×V,(λ1+λ2)∗u=λ1∗u+λ2∗u.
Remarque 1: Les éléments de V sont appelés des vecteurs, ceux de K sont appelés des scalaires et l’élément neutre pour + est appelé vecteur nul. Finalement, V est appelé K-espace vectoriel ou espace vectoriel sur K.
Base d’un espace vectoriel. Soit V un K-espace vectoriel. Une famille de vecteurs B={b1,b2,…,bn} est appelée base de V si les deux propriétés suivantes sont satisfaites:
∀u∈V,∃c1,…,cn∈K tels que u=i=1∑ncibi (On dit que B est une famille geˊneˊratrice de V).
∀λ1,…,λn∈K,i=1∑nλibi=0⟹λi=0∀i. (On dit que les éléments de B sont linéairement indépendants).
Lorsque u=i=1∑ncibi, on dit que c1,…,cn sont les coordonnées de u dans la base B. Si de plus aucune confusion n’est à craindre, on peut écrire:
Définition. Le nombre d’éléments dans une base d’un espace vectoriel est appelé dimension de l’espace vectoriel.
NB: Un espace vectoriel ne peut être vide (il contient toujours le vecteur nul). L’espace vectoriel nul{0} n’a pas de base et est de dimension nulle. Tout espace vectoriel non nul de dimension finie admet une infinité de bases mais sa dimension est unique.
Exemples d’espaces vectoriels: Pour tous n,m≥1, l’ensemble des matrices Mnm à coefficients réels et l’ensemble Rn sont des R-espace vectoriels. En effet, il est très facile de vérifier que nos exemples satisfont les huit propriétés énoncées plus haut. Dans le cas particulier V=Rn, toute famille d’exactement n vecteurs linéairement indépendants en est une base. En revanche, toute famille de moins de n vecteurs ou qui contient plus que n vecteurs ne peut être une base de Rn.
Matrices: Soit K un corps commutatif. Une matrice en mathématiques à valeurs dans K est un tableau de nombres, où chaque nombre est un élément de K. Chaque ligne d’une telle matrice est un vecteur (élément d’un K-espace vectoriel). Une matrice est de la forme:
La matrice ci-dessus est carrée si m=n. Dans ce cas, la suite [a11,a22,…,amm] est appelée diagonale de M. Si tous les coefficients hors de la diagonale sont zéro, on dit que la matrice est diagonale. Une matrice avec tous ses coefficients nuls est dite matrice nulle.
Produit de matrices. Soient A=(aij)1≤i≤m,1≤j≤n,B=(bij)1≤i≤n,1≤j≤q deux matrices. On définit le produit de A par B et on note A×B ou simplement AB, la matrice M définie par:
Le nombre de colonnes de la matrice A est égal au nombre de lignes de la matrice B.
AB = ⎣⎡2×1+(−3)×(−5)+0×15×1+11×(−5)+5×11×1+2×(−5)+3×12×3+(−3)×1+0×25×3+11×1+5×21×3+2×1+3×2⎦⎤ = ⎣⎡17−45−633311⎦⎤
Le produit BA n’est cependant pas possible.
Somme de matrices et multiplication d’une matrice par un scalaire. La somme de matrices et multiplication d’une matrice par un scalaire se font coefficients par coefficients.
Avec les matrice A,B de l’exemple précédent, et C=⎣⎡−2512−7109353⎦⎤, on a:
A+C=⎣⎡2+(−2)5+51+12−3+(−7)11+102+90+35+53+3⎦⎤=⎣⎡01013−1021113106⎦⎤ et pour tout λ∈R,λB=⎣⎡λ−5λλ3λλ2λ⎦⎤
NB: La somme de matrice n’est définie que pour des matrices de même taille.
Déterminant d’une matrice. Soit A=(aij)1≤i≤n,1≤j≤n une matrice carrée d’ordre n. Soit Ai,j la sous-matrice de A obtenue en supprimant la ligne i et la colonne j de A. On appelle déterminant (au développement suivant la ligne i) de A et on note det(A), le nombre
NB: Le développement suivant toutes les lignes donne le même résultat. Le déterminant d’une matrice a une deuxième formulation dite de Leibniz que nous n’introduisons pas dans ce document.
Inverse d’une matrice. Soit A une matrice carrée d’ordre n. A est inversible s’il existe une autre matrice notée A−1 telle que AA−1=A−1A=In, où In est la matrice identité de taille n×n. Les matrices, leurs inverses et les opérations sur les matrices sont d’une importance capitale dans l’apprentissage automatique.
Vecteurs propres, valeurs propres d’une matrice. Soient E un espace vectoriel et A une matrice. Un vecteur v∈E est dit vecteur propre de A si v=0 et il existe un scalaire λ tel que Av=λv. Dans ce cas, on dit que λ est la valeur propre associée au vecteur propre v.
Applications linéaires et changement de base d’espaces vectoriels. Soient (E,B),(F,G) deux K-espace vectoriels, chacun muni d’une base et f:E→F une application. On dit que f est linéaire si les propriétés suivantes sont satisfaites:
Pour tous u,v∈E, f(u+v)=f(u)+f(v).
Pour tout (λ,u)∈K×E, f(λu)=λf(u).
On suppose que B={e1,e2,…,en} et G={e1′,e2′,…,em′}. De manière équivalente, f est linéaire s’il existe une matrice A telle que pour tout x∈E,f(x)=Ax. Dans ce cas, la matrice A que l’on note MatB,G(f) est appelée matrice (représentative) de l’application linéaire f dans le couple de coordonnées (B,G). La matrice A est unique et de taille m×n (notez la permutation dimension de l’espace d’arrivée puis dimension de l’espace de départ dans la taille de la matrice). De plus, la colonne j de la matrice A est constituée des coordonnées de f(ej) dans la base G de F. Lorsque E=F, l’application linéaire f est appelée endomorphisme de E et on écrit simplement MatB(f) au lieu de MatB,G(f).
Définition. Soient E un espace vectoriel de dimension finie et, B et C, deux bases de E. On appelle matrice de passage de la base B à la base C la matrice de l’application identité
Cette matrice est notée PBC et on a PBC:=MatC,B(idE). Note: Si x=⎣⎡x1x2⋮xn⎦⎤ est un vecteur de E exprimé dans la base B, alors l’expression de x dans la base C est donnée par ⎣⎡x1′x2′⋮xn′⎦⎤=(PBC)−1x=PCBx.
Exemple. Si E=R3 avec ses deux bases
B=⎝⎛⎣⎡100⎦⎤,⎣⎡010⎦⎤,⎣⎡001⎦⎤⎠⎞ et C=⎝⎛⎣⎡−123⎦⎤,⎣⎡015⎦⎤,⎣⎡001⎦⎤⎠⎞,
Diagonalisation et décomposition en valeurs singulières.
Diagonalisation. Soit A une matrice carrée à coefficients dans K=R ou C. On dit que A est diagonalisable s’il existe une matrice inversible P et une matrice diagonale D telles que A=PDP−1. On dit aussi que A est similaire à D.
Important. Soient E un espace vectoriel de dimension finie et f un endomorphisme de E de matrice représentative (dans une base B de E) diagonalisable A=PDP−1. On rappelle que les colonnes de P sont les vecteurs propres de A. Alors ces colonnes (dans leur ordre) constituent une base de E, et dans cette base, la matrice A est représentée par la matrice diagonale D. En d’autres termes, si C est la base des vecteurs propres de A, alors MatC(f)=D. Enfin, la matrice D est constituée des valeurs propres de A et le processus de calcul de P et D est appelé diagonalisation.
Décomposition en valeurs singulières. Soit M une matrice de taille m×n et à coefficients dans K=R ou C. Alors M admet une factorisation de la forme M=UΣV∗, où
U est une matrice unitaire (sur K) de taille m×m.
V∗ est l’adjoint (conjugué de la transposée) de V, matrice unitaire (sur K) de taille n×n
Σ est une matrice de taille m×n dont les coefficients diagonaux sont les valeurs singulières de M, i.e, les racines carrées des valeurs propres de M∗M et tous les autres coefficients sont nuls.
Cette factorisation est appelée la décomposition en valeurs singulières de M. Important. Si la matrice M est de rang r, alors
les r premières colonnes de U sont les vecteurs singuliers à gauche de M
les r premières colonnes de V sont les vecteurs singuliers à droite de M
les r premiers coefficients strictement positifs de la diagonale de Σ sont les valeurs singulières de M et tous les autres coefficients sont nuls.
Produit scalaire et normes vectorielles. Soit V un espace vectoriel sur R. On appelle produit scalaire sur V toute application
Espaces métriques. Définition. Un espace métrique est un ensemble E muni d’une distance d; on écrit (E,d). Remarque 4. Tout espace vectoriel normé est un espace métrique. Suites dans un espace métrique. Soit (E,d) un espace métrique. On appelle suite (d’éléments de E) et on note (un)n∈I ou (u)n une application:
En d’autres termes, la suite (u)n converge vers u∗∈E si pour tout ϵ>0, il existe un entier N∈N tel que pour tout n>N, un est contenu dans la boule Bϵ centrée en u∗ et de rayon ϵ.
NB: La suite (u)n à valeurs dans E peut converger dans un ensemble autre que E. Définition. La suite (u)n d’éléments de E est dite de Cauchy si pour tout ϵ>0, il existe N∈N tel que:
Autrement dit, tous les termes un,um d’une suite de Cauchy se rapprochent de plus en plus lorsque n et m sont suffisamment grands. Espace métriques complets. Définition. Un espace métrique (E,d) est dit complet si toute suite de Cauchy de E converge dans E. Un espace métrique complet est appelé espace de Banach.
Si f est dérivable en a, la dérivée de f en a est notée f′(a). La fonction dérivée de f est notée f′ ou dxdf ou df. Exemple de dérivées.
Fonctions polynomiales. La dérivée de la fonction f(x)=anxn+an−1xn−1+⋯+a1x+a0, avec les ai des constantes, est f′(x)=nanxn−1+(n−1)an−1xn−2+⋯+a1.
Fonction exponentielle de base e. La dérivée de la fonction f(x)=exp(x) est la fonction f elle-même, i.e, dxdexp(x)=exp(x).
Fonctions trigonométriques. dxdcos(x)=−sinx et dxdsin(x)=cosx.
Fonction logarithme népérien. dxdln(x)=x1.
Propriétés. Soient J⊆R un intervalle ouvert, u,v:J→R deux fonctions et λ∈R. Alors on a les propriétés suivantes de la dérivée:
(u+v)′=u′+v′
(uv)′=uv′+u′v
(λu)′=λu′
Ces propriétés s’étendent aux fonctions vectorielles en dimension supérieure.
Fonctions vectorielles. Soit f:O→Rp une fonction, avec O une partie ouverte de Rn,n,p≥1. On dit que f est différentiable (au sens de Fréchet) en a∈O, s’il existe une application linéaire continue L:Rn→Rp telle que pour tout h∈Rn, on a
Si f est différentiable en tout point de O, on dit que f est différentiable sur O. La différentielle de f est notée Df. Dérivées partielles. Soient a=⎣⎡a1a2⋮an⎦⎤∈O⊆Rn et f:O→Rp une fonction.
On dit que f admet une dérivée partielle par rapport à la j-ème variable xj si la limite:
h→0limhf(a1,a2,…,aj+h,…,an)−f(a) est finie.
La dérivée partielle par rapport à la variable xj de f en a est notée ∂xj∂f(a). Note. Si f est différentiable, alors f admet des dérivées partielles par rapport à toutes les variables. Gradient et Matrice Jacobienne. Soit f:O⊆Rn→Rp une fonction différentiable. On suppose que les fonctions composantes de f sont f1,f2,…,fp. Alors la matrice des dérivées partielles
est appelée la matrice jacobienne de f, notée Jf ou J(f). Dans le cas p=1, le vecteur ⎣⎡∂x1∂f∂x2∂f⋮∂xn∂f⎦⎤ est appelé gradient de f et noté ∇f ou grad(f). Exemples du calcul de dérivées et de gradients sur Rn.
f(x)=⟨x,x⟩=xTx. Le gradient de f est ∇f(x)=2x
f(x)=Ax+b, avec A une matrice et b un vecteur. On a Df(x)=A.
Il existe souvent des fonctions dont le gradient ne peut facilement être calculé en utilisant les formules précédentes. Pour trouver le gradient d’une telle fonction, on va réécrire la fonction comme étant une composition de fonctions dont le gradient est facile à calculer en utilisant les techniques que nous allons introduire. Dans cette partie nous allons présenter trois formules de dérivation de fonctions composées.
Composition de fonctions à une seule variable. Soit f,g,h:R→R, trois fonctions réelles telles que f(x)=g(h(x)).
La théorie des probabilités constitue un outil fondamental dans l’apprentissage automatique. Les probabilités vont nous servir à modéliser une expérience aléatoire, c’est-à-dire un phénomène dont on ne peut pas prédire l’issue avec certitude, et pour lequel on décide que le dénouement sera le fait du hasard. Définition. Une probabilité est une application sur P(Ω), l’ensemble des parties de Ω telle que:
0≤P(A)≤1, pour tout événement A⊆Ω;
P(A)=∑{ω}∈AP(ω), pour tout événement A;
P(Ω)=∑AiP(Ai)=1, avec les Ai⊆Ω une partition de Ω.
Proposition. Soient A et B deux événements,
SiA et B sont incompatibles, P(A∪B)=P(A)+P(B).
P(Ac)=1−P(A), avec Ac le complémentaire de A.
P(∅)=0.
P(A∪B)=P(A)+P(B)−P(A∩B).
Preuve voir [Pardoux (2015)] Ci-dessous une définition plus générale de probabilité, valable pour des espaces des événements possibles non dénombrables. Définition. Soit A une expérience alátoire et Ω l’espace des événements possibles associés. Une probabilité sur Ω est une application définie sur l’ensemble des événements, qui vérifie:
Axiome 1:0≤P(A)≤1, pour tout événement A;
Axiome 2: Pour toute suite d’événements (Ai)i∈N, deux à deux incompatibles,
Motivation. Quelle est la probablité d’avoir un cancer du poumon?
Information supplémentaire: vous fumez une vingtaine de cigarettes par jour. Cette information va changer la probabilité.
L’outil qui permet cette mise à jour est la probabilité conditionnelle.
Définition. Étant donnés deux événements A et B, avec P(A)>0, on appelle probabilité de B conditionnellement à A, ou sachant A, la probabilité notée P(B∣A) définie par:
L’équation (36) peut aussi s’écrire comme P(A∩B)=P(B∣A)P(A). De plus, la probabilité conditionnelle sachant A, notée P(.∣A) est une nouvelle probabilité et possède toutes les propriétés d’une probabilité.
Proposition. (Formule des probabilités totales généralisée) Soit (Ai)i∈I (I un ensemble fini d’indices) une partition de Ω telle que 0<P(Ai)≤1∀i∈I. Pour tout événement B, on a
La formule des probabilités totales permet de servir les étapes de l’expérience aléatoire dans l’ordre chronologique.
Proposition. (Formule de Bayes généralisée) Soit (Ai)i∈I une partition de Ω tel que 0≤P(Ai)≤1,∀i∈I. Soit un événement B, tel que P(B)>0. Alors pour tout i∈I,
Définition. Une variable aléatoire (v.a) X est une fonction définie sur l’espace fondamental Ω, qui associe une valeur numérique à chaque résultat de l’expérience aléatoire étudiée. Ainsi, à chaque événement élémentaire ω, on associe un nombre X(ω).
Une variable qui ne prend qu’un nombre dénombrable de valeurs est dite discrète (par exemple le résultat d’une lancée d’une pièce de monnaie, ...), sinon, elle est dite continue (par exemple le prix d’un produit sur le marché au fil du temps, distance de freinage d’une voiture roulant à 100 km/h).
et l’écart-type de X est la racine carrée de sa variance.
Exemple: (Loi de Bernoulli) La loi de Bernoulli est fondamentale pour la modélisation des problèmes de classification binaire en apprentissage automatique. On étudie que les expériences aléatoires qui n’ont que deux issues possibles (succès ou échec). Une expérience aléatoire de ce type est appelée une épreuve de Bernoulli. Elle se conclut par un succès si l’évènement auquel on s’intéresse est réalisé ou un échec sinon. On associe à cette épreuve une variable aléatoire Y qui prend la valeur 1 si l’évènement est réalisé et la valeur 0 sinon. Cette v.a. ne prend donc que deux valeurs (0 et 1) et sa loi est donnée par :
Chaque épreuve a deux issues : succès [S] ou échec [E].
Pour chaque épreuve, la probabilité d’un succès est la même, notons P(S)=p et P(E)=q=1−p.
Les n épreuves sont indépendantes : la probabilité d’un succès ne varie pas, elle ne dépend pas des informations sur les résultats des autres épreuves.
Contrairement aux v.a. discrètes, les v.a. continues sont utilisées pour mesurer des grandeurs “continues” (comme distance, masse, pression...). Une variable aléatoire continue est souvent définie par sa densité de probabilité ou simplement densité. Une densité f décrit la loi d’une v.a X en ce sens:
La loi normale C’est la loi de probabilité la plus importante. Son rôle est central dans de nombreux modèles probabilistes et en statistique. Elle possède des propriétés intéressantes qui la rendent agréable à utiliser. La densité d’une variable aléatoire suivant la loi normale de moyenne μ et d’écart-type σ (N(μ,σ2)) est définie par
On sait d’ores et déjà que la moyenne empirique a pour espérance m et pour variance nσ2. Ainsi, plus n est grand, moins cette v.a. varie. A la limite, quand n tend vers l’infini, elle se concentre sur son espérance, m. C’est la loi des grands nombres.
Théorème. (Convergence en Probabilité) Quand n est grand, Xnˉ est proche de m avec une forte probabilité. Autrement dit,
Le Théorème central limite est très important en apprentissage automatique. Il est souvent utilisé pour la transformation des données surtout au traitement de données aberrantes.
Théorème. Pour tous réels a<b, quand n tend vers +∞,
Soit X un caractère (ou variable) étudié sur une population, de moyenne m et de variance σ2. On cherche ici à donner une estimation de la moyenne m de ce caractère, calculée à partir de valeurs observées sur un échantillon (X1,...,Xn). La fonction de l’échantillon qui estimera un paramètre est appelée estimateur, son écart-type est appelé erreur standard et est noté SE. L’estimateur de la moyenne m est la moyenne empirique:
Ce qui peut se traduire ainsi: quand on estime m par Xnˉ, l’erreur faite est inférieure à 2σ/n, pour 95,4% des échantillons. Ou avec une probabilité de 95,4%, la moyenne inconnue m est dans l’intervalle [Xnˉ−2σ/n,Xnˉ+2σ/n]. Voir [Anirban (2011)] pour plus d’explication.
Définition. On peut associer à chaque incertitude α, un intervalle appelé intervalle de confiance de niveau de confiance 1−α, qui contient la vraie moyenne m avec une probabilité égale à 1−α.
Définition. Soit Z une v.a.. Le fractile supérieur d’ordre α de la loi de Z est le réel z qui vérifie
Quand l’écart-type théorique de la loi du caractère X étudié n’est pas connu, on l’éstime par l’écart-type empirique sn−1. Comme on dispose d’un grand échantillon, l’erreur commise est petite. L’intervalle de confiance, de niveau de confiance 1−α devient :
Soit (Ω,A,P) un espace probabilisé et x une v.a. de (Ω,A) dans (E,E). La donnée d’un modèle statistique c’est la donnée d’une famille de probabilités sur (E,E), {Pθ,θ∈Θ}. Le modèle étant donné, on suppose alors que la loi de x appartient au modèle {Pθ,θ∈Θ}. Par exemple dans le modèle de Bernoulli, x=(x1,…,xn) où les xi sont i.i.d. (indépendantes et identiquement distribuées) de loi de Bernoulli de paramètre θ∈]0,1]. E={0,1}n, E=P(E), Θ=]0,1] et Pθ=((1−θ)δ0+θδ1)⊗n.
Définition. On dit que le modèle {Pθ,θ∈Θ} est identifiable si l’application
Définition. Soit g:Θ→Rk. On appelle estimateur de g(θ) au vu de l’observation x, toute application T:Ω→Rk de la forme T=h(x) où h:E↦Rk mesurable. Un estimateur ne doit pas dépendre de la quantité g(θ) que l’on cherche à estimer. On introduit les propriètés suivantes d’un estimateur.
Définition.T est un estimateur sans biais de g(θ) si pour tout θ∈Θ,Eθ[T]=g(θ).
Dans le cas contraire, on dit que l’estimateur T est biaisé et on appelle biais la quantité Eθ[T]−g(θ).
Généralement x est un vecteur (x1,…,xn) d’observations (n étant le nombre d’entre elles). Un exemple important est le cas où x1,…,xn forme un n-échantillon c’est à dire lorsque que x1,…,xn sont i.i.d. On peut alors regarder des propriétés asymptotiques de l’estimateur, c’est-à-dire en faisant tendre le nombre d’observations n vers +∞. Dans ce cas, il est naturel de noter T=Tn comme dépendant de n. On a alors la définition suivante :
Définition.Tn est un estimateur consistant de g(θ) si pour tout θ∈Θ, Tn converge en probabilité vers g(θ) sous Pθ lorsque n→∞.
On définit le risque quadratique de l’estimateur dans le cas où g(θ)∈R.
Définition. Soit Tn un estimateur de g(θ). Le risque quadratique de Tn est défini par
Considérons un échantillon x=(x1,…,xn). Soit f=(f1,…,fk) une application de X dans Rk tel que le modèle {Pθ,θ∈Θ} est identifiable si l’application Φ
Souvent, lorsque X⊂R, on prend fi(x)=xi et Φ correspond donc au ième moment de la variable de Xi sous Pθ. Ce choix justifie le nom donné à la méthode. Voici quelques exemples d’estimateurs bâtis sur cette méthode.
Exemple. (Loi uniforme)
Ici k=1, Qθ est la loi uniforme sur [0,θ] avec θ>0. On a pour tout θ, Eθ[X1]=2θ, on peut donc prendre par exemple Φ(θ)=2θ et f(x)=x. L’estimateur obtenu par la méthode des moments est alors θ^n=2Xnˉ. Cet estimateur est sans biais et constant.
Exemple. (Loi normale) Ici k=2, on prend Qθ=N(m,σ2) avec θ=(m,σ2)∈R×R+∗. Pour tout θ, Eθ[X1]=m et Eθ[X12]=m2+σ2 , on peut donc prendre par exemple, f1(x)=x et f2(x)=x2 ce qui donne Φ(m,σ2)=(m,m2+σ2). L’estimateur obtenu par la méthode des moments vérifie
Soit {E,E,{Pθ,θ∈Θ}} un modèle statistique, où Θ⊂Rk. On suppose qu’il existe une mesure σ-finie μ qui domine le modèle, c’est à dire que ∀θ∈Θ, Pθ admet une densité par rapport à μ.
Définition. Soit x une observation. On appelle vraisemblance de x l’application
Considérons le cas typique où x=(x1,…,xn), les xi formant un n-échantillon de loi Qθ0 où Qθ0 est une loi sur X de paramètre inconnu θ0∈Θ⊂Rk. On suppose en outre que pour tout θ∈Θ,Qθ est absolument continue par rapport à une mesure ν sur X. Dans ce cas, en notant